Discrimination des femmes au travail

12 mars 2024
6 minutes

En France, la discrimination à l’égard des femmes est une problématique qui bat son plein dans les milieux professionnels. L’égalité des chances est ainsi mise à mal et le progrès sociétal compromis. Bien que des avancées aient été observées ces dernières années, la France reste l’un des pays de l’Union Européenne où les discriminations au travail prévalent. Les femmes continuent de voir dressés divers obstacles liés au genre, dans leur odyssée professionnelle. Dans cet article, découvrez les solutions favorables à un environnement de travail inclusif et équitable pour les femmes.

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Point sur la discrimination des femmes au travail

Du latin discriminare, la discrimination désigne une distinction entre des personnes ou un groupe de personnes. Cela consiste à  restreindre leurs droits ou à leur appliquer un traitement défavorable. Pour être reconnue sur le plan juridique, la discrimination doit remplir deux conditions cumulatives. Premièrement, elle doit être fondée sur un critère défini par la loi notamment sexe, âge ou handicap. Par ailleurs, la discrimination doit provenir d’une situation visée par la loi : accès à un emploi, un service, un logement, etc. Les femmes font souvent face à plusieurs formes de discriminations. Ces dernières se manifestent généralement par : 

  • Inégalités de salaires ;
  • Restrictions à l’embauche ;
  • Absence ou retard d’évolution professionnelle.

Inégalité salariale

Les disparités salariales observées en milieu professionnel à l’égard des femmes sont nombreuses. Les chiffres démontrent à suffisance le fossé entre les hommes et les femmes dans la vie professionnelle. Ces inégalités sont encore palpables, en ce 8 mars, Journée internationale des droits des femmes.

D’après l’Observatoire des inégalités et l’Insee, en 2022 : le revenu salarial des femmes dans le privé est inférieur en moyenne de 23,5 % à celui des hommes. Les femmes gagnent 19 980 euros annuels, contre 26 110 euros pour les hommes. 

Sous le même rapport et en progressant dans l’échelle salariale, cette discrimination s’accentue. En équivalent temps plein, les 10 % des femmes les moins bien rémunérées ont un salaire maximum inférieur de 7 % à celui des hommes. Soit 1 171 euros pour les femmes et 1 262 euros pour les hommes. Le salaire minimum des 10 % des femmes les mieux rémunérées est inférieur de 21 % à celui des hommes (soit 3 149 euros pour les femmes contre 3 990 euros pour les hommes).

Cette discrimination est encore plus présente chez les femmes cadres supérieures. Elles touchent 21 % de moins que les hommes cadres. Notons qu’en règle générale, les femmes gagnent 9 % de moins que les hommes à un poste de valeur égale.

Discrimination des femmes lors de l’embauche

En outre, les femmes subissent aussi des discriminations au moment de leur recrutement en entreprise. À l’embauche ou en raison de leur grossesse, elles sont souvent victimes de discriminations. 22 % des femmes ne sont pas retenues pour un entretien lorsqu’elles postulent à un poste considéré comme masculin à compétences et qualifications égales. Les femmes enceintes, quant à elles, sont les plus exposées aux discriminations d’accès à l’emploi. 

Les discriminations faites aux femmes sont aussi visibles en ce qui concerne l’accès aux postes de responsabilités. L’accès des femmes aux postes de décision reste encore un bel effet plafond de verre.

Comment lutter contre la discrimination des femmes au travail ?

Pour en finir avec les discriminations liées au genre, il est essentiel de mettre en place un ensemble de mesures pour une culture de l’inclusion et de l’égalité en entreprise. La loi du 5 septembre 2018, pour la liberté de choisir son avenir professionnel a mis en place un outil d’évaluation pour limiter les écarts de salaire injustifiés. Grâce à cet outil, les entreprises peuvent désormais mesurer et corriger les différences de rémunération avec obligation de résultats et pas seulement de moyens.

L’index d’égalité femmes-hommes doit être calculé et publié sur Internet pour les entreprises d’au moins 50 salariés. Ledit index est une note sur 100, calculée à partir de 4 critères (pour les entreprises de 50 à 250 salariés) et de 5 critères (pour celles de plus de 250 salariés) :

  • Écarts de salaires au même poste et au même âge ;
  • Chance d’obtenir une augmentation pour une femme ;
  • Rattrapage salarial pour les femmes après un congé maternité ;
  • Chances d’obtenir une promotion pour une femme ;
  • Nombre de femmes parmi les plus hautes rémunérations de l’entreprise.

Des sanctions financières et des mesures de correction sont infligées aux entreprises avec des scores trop faibles.

Négociation d’un accord relatif à l’égalité professionnelle pour lutter contre la discrimination au travail

Après des mesures légales, le législateur a mis la négociation collective comme pilier central pour favoriser l’engagement des entreprises à agir en faveur de l’égalité professionnelle.

Les entreprises ayant une ou plusieurs sections syndicales, d’organisations représentatives et où sont désignés un ou plusieurs délégués syndicaux, doivent engager tous les ans :

  • Des négociations sur la rémunération, notamment les salaires effectifs, le temps de travail et le partage de la valeur ajoutée dans l’entreprise ;
  • Une négociation sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Cette dernière doit porter sur les mesures visant à supprimer les écarts de rémunération, et la qualité de vie au travail (art. L. 2242-1 du code du travail).

À propos du droit des femmes à être présentes dans les conseils d’administration par l’imposition de quotas

Selon la loi n°2011-103 du 27 janvier 2011 (loi Copé-Zimmermann), il doit y avoir un équilibre homme/femme dans la formation des conseils d’administration de certaines entreprises.

Par ailleurs, si une salariée estime être victime d’une discrimination au travail, elle peut intenter une action contre son employeur devant le conseil de prud’hommes. Cette action vise à établir et reconnaître la discrimination à son encontre, dans un délai de 5 ans à compter de la révélation de la discrimination.

La discrimination des femmes au travail reste un défi majeur à relever en entreprise. Bien qu’il y ait de nombreuses avancées, il est tout de même indispensable de mettre en place des actions permettant de juguler ce phénomène. La promotion de la parité hommes-femmes et la flexibilité du travail permettent de créer un environnement professionnel plus équitable et inclusif. Cependant, la lutte contre la discrimination des femmes au travail implique un engagement continu de la part des entreprises et de la société dans son ensemble.